Dioxyde de Titane dans les maquillages et dentifrices : risque de cancer ?

Le dioxyde de titane est interdit en France comme additif alimentaire depuis 2020, mais pas dans les cosmétiques ni dans les soins d’hygiène ou le maquillage, même ceux susceptibles d’être en partie avalés tels que le dentifrice ou le rouge à lèvres.

Et c'est malheureusement valable aussi pour les produits certifiés biologiques.

Si certaines marques anglo-saxonnes se mettent peu à peu à éliminer ce colorant de leurs formules, c'est loin d'être le cas en France : et  lorsqu'on cherche des maquillages français ne contenant pas ce fameux CI 77891, on se heurte à un quasi-vide sidéral...

Mais à quoi sert le titanium dioxyde ?

C’est un pigment blanc opacifiant. Son nom scientifique est TiO2. Pour le repérer sur les étiquettes, il faut chercher les mots suivants :

En cosmétique : CI 77891 ou titanium dioxyde.

Comme additif alimentaire : E171.

Photo Cosmebio

MAIS POURQUOI EST-IL INTERDIT ?

Il pose un double problème : d’abord en tant que tant que lui-même, mais aussi parce qu’il se présente sous la forme de nanoparticules.

Il est désormais interdit dans l’alimentation car considéré comme "cancérogène possible pour l'homme" s’il est inhalé ou ingéré.

Une étude de l’Inra démontre en 2017 que l’exposition au E171 favorisait la croissance de lésions pré-cancéreuses de l’intestin et des troubles du système immunitaire. Les nanoparticules ont une taille inférieure à 100 nanomètres, ce qui facilite leur pénétration dans l’organisme.

Le TiO2 a été classé comme cancérogène avéré par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Il est suspecté d’être cancérogène par l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques ) par inhalation, qu’il s’agisse de nanoparticules ou pas. On le soupçonne aussi de traverser la barrière placentaire.

En cosmétique, on estime pourtant possible d’utiliser le titanium dioxyde à condition qu’il ne soit pas sous forme de nanoparticules*, mais juste de taille micrométrique**. Le fabricant est juste tenu de préciser à côté du nom de l'ingrédient la mention (NANO) ou [NANO], si tel est le cas. Sur les étiquettes, on devrait donc lire l’inscription "Titanium dioxyde [nano]". Mais en réalité, il est pratiquement impossible de savoir si l’ingrédient fourni est vraiment dénué de nanos… si bien que le secteur cosmétique dans sa majorité ne se conforme pas à cette obligation***.

A savoir cependant : sous forme nanométrique, le TiO₂ ne semble pas allergène sur la couche supérieure de la peau, mais il peut potentialiser un autre allergène.

*La taille nanométrique est 1 million de fois plus petite qu'un millimètre.

**La taille micrométrique est 1000 fois plus petite qu'un millimètre.

***la Commission a défini qu’un matériau est « nano » s’il contient « au minimum 50 % de particules de dimensions comprises entre 1 nm et 100 nm ». Cela signifie donc que du dioxyde de titane composé à 49% de nanoparticules n’a pas l’obligation de se voir apposer la mention [nano].

Consulter le dossier de Cancer Environnement :

https://www.cancer-environnement.fr/559-Dioxyde-de-titane.ce.aspx

FAUT-IL BANNIR LES PRODUITS DE BEAUTE CONTENANT DU TITANIUM DIOXYDE ?

C’est le bon sens qui permet de répondre. Lorsqu’on voit dans une liste d’ingrédients la mention « titanium dioxyde » ou «  CI 77891 », on va selon les cas jeter, accepter de temps en temps, ou garder le produit...

1) A exclure systématiquement : l’ingestion directe. Pour tout ce qui entre dans la bouche, donc susceptible d’être en partie avalé, on dit non : ainsi rouge à lèvre et dentifrice contenant du titanium dioxyde sont à proscrire absolument pour des usages répétés. Les doses que l’on ingère en une fois sont faibles ; mais répétées plusieurs fois par jour elles créent une accumulation qui a terme risque d’avoir des conséquences négatives. Notons que les fabricants de dentifrice ont fait de réels efforts dans ce sens. Un dentifrice sans CI 77891 se reconnait aisément : il n'est pas opaque mais plutôt transparent.

A exclure aussi l’inhalation : tous les soins volatiles, et donc susceptibles d’être inspirés dans le nez, sont à proscrire aussi s’ils contiennent du CI 77891 ; comme la poudre libre de maquillage par exemple.

2) A accepter occasionnellement : l’application sur la peau. La peau absorbe tout, mais les doses sont moindres que par ingestion directe ou inhalation, à condition qu’il n’y ait pas de lésions. Ainsi pour le maquillage, si vous ne trouvez pas de fard à paupière ou de fond de teint sans CI 77891, vous pouvez en utiliser de temps en temps. Attention cependant aux muqueuses qui absorbent plus que la peau. Donc pour un crayon à yeux par exemple, préférez un produit sans CI 77891.

Ensuite dans certains cosmétiques, l’utilisation de titanium dioxyde n’a aucune utilité : il servira juste à rendre la texture d’une crème plus jolie par exemple. Donc là, zappez...

3) A garder éventuellement : en filtre solaire, mais sous forme non-nano et pas en spray aérosol que l’on pourrait inhaler. C’est le seul cas ou un produit est préférable avec que sans CI 77891. Pourquoi ? Parce que s’il ne contient pas de titanium dioxyde, alors votre filtre solaire contiendra forcément d’autres substances qui risquent d’être encore plus dangereuses pour vous, ou alors vraiment destructrices pour la nature, notamment pour la mer. Donc dans ce cas précis, oui on peut garder.

EN CONCLUSION...

Les produits de maquillage sans titanium dioxyde, même certifiés bio, sont rares en France ou en Europe.

L'offre est plus importante sur le marché américain ou australien, mais le sourcing pose alors un autre problème : celui de la pertinence de faire venir des produits de beauté du bout du monde alors que la France est leader dans ce domaine..!